Art, mode et sport : prêt-à-partager

Cette exposition achevée le 3 février 2012 a été un moment important d’échange transculturel entre artistes africains et allemands.

 

Le prétexte a été bien choisi. La célébration du cinquantenaire de l’implantation du Goethe-Institut au Cameroun. Un moment certes de célébration mais aussi de partage. Normal que l’exposition organisée à cet effet soit baptisée « Prêt-à-partager ». Un esprit de partage prolongé dans le thème choisi pour la circonstance : « Un échange transculturel autour de l’art, de la mode et du sport ». Cette exposition s’est déroulée du 13 janvier au 3 février 2012 à l’espace culturel Doual’art. A cette occasion, onze artistes africains et allemands ont exposé leur savoir-faire artistique. Une compile des voyages effectués et de la richesse culturelle de chaque artiste. « Cette richesse d’images et la somme des voyages faits jusqu’ici se ressent dans le travail réalisé par chacun d’entre-nous. Il y a aussi l’environnement dans lequel nous sommes qui est aussi une grande source d’inspiration à ne pas négliger », souligne Lambert Mousseka, artiste d’origine congolaise.

Premier fait marquant ici, ce sont des écrans de télévision diffusant en boucle les performances des artistes : Lady B, Alima, entre autres. Sur les murs sont placardées des photographies. Elles présentent de manière lapidaire, les scènes de  vie quotidienne des centres urbains d’Afrique : jeu des enfants, des commerçants en activité, des ouvriers dans des ateliers de coiffure ou de couture. C’est le cas du travail fait par le photographe Akinbode Akinbiyi dont les photographies offrent un regard dans les coulisses du projet et relient les différentes genèses des travaux réalisés en réseau de récit révélant son lien étroit avec la ville de Dakar. Dans les différents coins de la salle, sont disposés, de manière artistique, des vêtements et chaussures. Parmi ces travaux de la mode, il y a par exemple ceux de Zille Homma Hamid et Nafissatou Diop. Si la première (Zille Homma Hamid) déniche des éléments utopiques dans les environnements urbains pour créer un lien restreint entre la création et la pratique sociale, la deuxième (Nafissatou Diop) quant à elle présente une collection de lingerie sulfureuse, coquine et sensuelle ; des dessous qui sont d’une provocation cachée, un commentaire subtil sur les politiques du corps et du genre dans une société marquée par la pudeur. Des travaux qui expriment la liberté de création de l’artiste. Une liberté qui n’est pas encore totalement acquise. Car, affirme Lambert Mousseka, « nos dirigeants doivent libérer les frontières. Ce n’est pas une théorie artistique mais un travail artistique que je porte dans ce projet aujourd’hui. Nous sommes coincés dans nos frontières. Nos dirigeants doivent donner les visas aux artistes pour circuler librement afin d’augmenter leur champ d’inspiration comme c’est le cas en Europe (zone Union Européenne). Nous travaillons pour la société en général et non pour les campagnes ».

 

Ce projet « Prêt-à-partager » est né à la suite du « Projet couture commune » en 2006 à Stuggard en Allemagne. D’après les artistes exposants, c’est une sorte de pont entre l’Afrique et l’Europe. Raison pour laquelle, il a été exposé dans des villes en Allemagne, en Ethiopie, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Côte-d’Ivoire, au Nigeria… et aujourd’hui à Douala au Cameroun. Ils envisagent, avec l’aide des organismes non-gouvernementaux, faire le tour de l’Afrique afin de faire découvrir leur travail à tous leurs frères africains.

Frank William BATCHOU