La « prise (d’in)conscience » de Russell

C’est le premier album de ce jeune artiste rappeur sorti officiellement dans les bacs le 8 août 2011 à Douala. Il appelle chacun de nous (en chanson) à redoubler d’efforts et ne pas baisser les bras quel que soit l’obstacle.

 

C’est en 2010 qu’il se révèle au public du monde entier, via youtube. Son vidéoclip « l’Afrique 50 ans après les indépendances ? » qui rend un hommage à tous les martyrs ayant bataillé pour l’indépendance des pays africains ainsi que la consolidation de la paix sur ce continent a connu un véritable buzz. En un mois, il a enregistré plus de deux milles clics. Cet intérêt particulier ayant généré de nombreux fans au jeune artiste lui a permis de redoubler d’ardeur au travail. Après une année en studio, « Prise d’inconscience » est enfin dans les bacs. Sorti des écuries NF Production, une jeune maison de production camerounaise, cet album compte dix titres dont deux instrumentaux. Ce sont des titres assez métissés, des rythmes aussi variés les uns des autres, avec l’appui des amis rappeurs tels que Trinity, Franco et Sensei.

L’album « Prise d’inconscience » s’ouvre par le titre « N’abandonne pas » dans lequel Russell est en featuring avec Trinity. Cette chanson adressée à tous les camerounais est une invite à l’espoir bien que vivant dans des conditions de plus en plus difficiles. Lesquelles poussent bon nombre d’entre nous, surtout la jeunesse, à vouloir tout abandonner, à laisser tomber toutes nos actions entreprises pourtant on est souvent près du but. Vu que le Cameroun est un pays bilingue, cette chanson a été refaite (semi anglais-français) via le titre « Never give up », plage six. Question de valoriser ce bilinguisme national hérité depuis l’époque coloniale et qui fait notre particularité en Afrique. Un bilinguisme que l’on retrouve dans « Dis moi ton rêve », le titre qui détermine véritablement choix du titre de l’album. Ici, selon Russell, « notre rêve représente d'une part notre désir, ce dont nous voulons de meilleur pour nous, pour nos proches et pour le monde entier. D'autre part, le rêve est la résultante de notre vie quotidienne, des évènements qui se déroulent chaque jour dans notre vie et qui se répercutent dans notre inconscient, par exemple les guerres et les attentats dans le monde. Face à ce contraste, les hommes, comme le disait un poète, ne font plus de prise de conscience de leur acte mais plutôt une prise d'inconscience qui les mène à leur perdition ».

Celles qui nous ont donné la vie ne sont pas omises dans cet opus. Celles qui s’époumonent au quotidien pour le bien-être et l’équilibre de leur famille.  « Dédicace à nos mamans » leur est dédiée. Il en ait de même pour les martyrs ayant versé leur sang pour la liberté du peuple africains. Ce grâce à « L’Afrique 50 ans après ? ». Un hommage dont-ils méritent du fond de leur sépulture respective. Pour ceux qui, au-delà du message adore la dance, ils trouveront leur compte dans les titres « Vas y dis leurs » en featuring avec M.2.S.P, Sound Bony Bones et Trinity, « Ça bouge » avec Trinity, sans oublier « Indomptables », une chanson patriotique. Laquelle rappelle que nous sommes tous des indomptables, chacun dans son domaine. Ce jeune rappeur et étudiant à l’ISTDI de Douala réalise ainsi son rêve d’artiste. Un album très riche qui mérite d’être soutenu !

Frank William BATCHOU