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L'univers de Frank William Batchou

L'univers de Frank William Batchou

Nous vous présentons dans ce blog toute l'actualité sur le Cameroun. Et une ouverture sur le monde... Merci pour vos commentaires et surtout vos critiques constructives


"Nous sommes à l'origine de la journée de l'enfant africain à Yaoundé"

Publié par Frank William BATCHOU sur 22 Novembre 2011, 15:23pm

Catégories : #Interviews

Adidja Mbomiko Yenou

Présidente de la fondation Princesse Khadidja nous parle de sa fondation, des actions menées jusque là ainsi que ses activités personnelles.

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Présentez-vous et votre fondation à nos multiples lecteurs.

Je suis Adidja Mbomiko Yenou. Je suis consultante en marketing parce que j’ai fait une formation de gestion et de management jusqu’au DESS. Je suis rentrée au Cameroun en 1988 mais j’étais plus stable entre 1989 et 1990. La fondation princesse Khadidja s’inspire du nom de la première épouse du prophète Mohamed, qui a été une très grande princesse de l’islam à son époque. Cette fondation s’inspire donc d’elle et de ses actions. Nous œuvrons pour la survie, l’éducation au développement et à la protection de l’environnement.

Quelle a été votre motivation ?

Ce sont les besoins sur le terrain. J’ai fait l’école primaire avec des bonnes sœurs qui sont très caritatives pour la plupart ; et j’ai été scout et guide aussi. Nous faisions beaucoup d’œuvres charitables et dans l’islam également, mes parents nous ont appris à toujours partager, à être solidaire de celui qui n’en a pas. Plus on grandit, il y a un besoin crucial de formaliser tout ça dans le cadre d’une fondation.

Il se dit qu’à votre époque, la femme musulmane  était faite uniquement pour la maison et surtout la cuisine. C’était facile pour vous d’atteindre vos objectifs ?

C’est une caricature qui est faite de la femme musulmane. L’islam est venu mettre les points sur les « i » en ce qui concerne les droits de la femme. Quand on dit droit, on dit également devoir. Il ne faut pas confondre les pratiques de la tradition arabe avec les pratiques de la tradition musulmane authentique. L’islam n’a jamais dit que la femme doit être confinée à la femme ou que ce soit. La femme, au même titre que l’homme, se doit de travailler, d’inculquer une éducation positive aux enfants. Si elle n’est pas éduquée, je ne vois pas ce qu’elle pourra transmettre comme éducation à ses enfants ou à son entourage. Il est vrai qu’on l’obtient des parents mais à un certains moments, il faut rechercher cette éducation en lisant, en rencontrant certaines personnes…

Présidente fondatrice de la Fondation Khadidja, quelles sont les actions menées jusqu’ici ?

Commencé en 1989, ce n’est qu’en 1994 que nous avons été légalisés. Nous étions basés à Yaoundé et nous faisions beaucoup de collecte et de distribution de matériels scolaires pour les enfants défavorisés, nous organisions à l’occasion de certaines manifestations spéciales des causeries éducatives, nous aidions beaucoup les femmes en situation difficile ; bref, nous avons tout un répertoire des personnes que nous avons aidé dans la ville de Yaoundé et ses environs. Nous sommes à l’origine du défilé organisé au boulevard du 20 mai chaque 16 juin à l’occasion de la célébration de la journée de l’enfant africain. C’est nous qui avons organisé la toute première édition. En plus de l’organisation de plusieurs événements sportifs, nous nous occupions aussi des enfants rwandais en 1994. Nous avons aussi crée une école qui était quasi gratuite parce que l’inscription s’élevait à 1000Fcfa et elle était située au carrefour dit Ecole de police à Yaoundé. Elle a fonctionné pendant trois ans avec une bonne centaine d’élèves. On faisait des cours du soir pour les adultes. Nous avons fait beaucoup de choses donc je ne peux plus me souvenir de tout ça maintenant (rire).

Aujourd’hui basée à Douala, qu’est ce qui est à l’origine de cette mutation ?

Nous sommes surtout basés à Foumbot. Mais, comme je suis la présidente fondatrice, je peux dire qu’un bureau est toujours avec moi. Nous sommes partis de Yaoundé à Foumbot après avoir constaté que, comme nous travaillons aussi beaucoup dans cette ville, il était anormal que le siège demeure à Yaoundé. Nous avons donc déporté notre siège pour Foumbot. En plus, il y avait beaucoup d’Ong concentrés à Yaoundé alors que les besoins ne se font pas uniquement ressentir ici mais surtout dans les zones rurales. Autre chose ayant motivé cette mutation est que, l’école m’épuisait énormément et financièrement parlant. Nous avons eu des chinois ou des japonais qui sont venus filmer l’école en nous promettant que nous aurions le financement. Promesse donc nous n’avons jamais eu de feed-back. Est-ce que c’est passé par le ministère de tutelle de l’époque (le Minascof) ? Je ne sais pas. J’ai perdu ma mère le 2 janvier 1997. Cela m’a causé un gros déséquilibre parce qu’elle m’aidait beaucoup surtout dans la zone de Foumbot surtout sur le plan de la prise en charge des prisonnier, entre autres. Fatiguée donc, j’ai été donc obligé de ramener la fondation à Foumbot où j’avais moins de charges parce qu’à Yaoundé, je louais l’école. Or à Foumbot, c’était le contraire.

L’école existe-t-elle toujours ?

L’école n’existe plus. Vous savez, quand on n’est pas aussi sur place (Foumbot), on ne peut pas surveiller les choses comme il faut. Il est vrai qu’on peut déléguer mais trouver de bonnes personnes, c’est souvent difficile surtout quand c’est du bénévolat. A Yaoundé, j’avais trois enseignants (deux hommes et une femme) vraiment très bons avec une motivation de 25.000 Fcfa à l’époque. Il était conscient de la mission qu’on souhaitait atteindre et trouver des personnes du genre aujourd’hui, ce n’est pas évident. Il faudra un budget pour les payer que je n’ai pas. Je temporise donc.

Comment contacter la Fondation Khadidja ?

A Foumbot, tout le monde me connait ; c’est la famille Nji Kouotou. A Douala, c’est à Bonapriso lieu dit ancien aéroport. Téléphone : 77 76 03 28. Email : amyfpk@gmail.com. Nous sommes au fond de la rue Energy club où tout le monde me connait.

En dehors de votre casquette de présidente de la fondation et de consultante en marketing, vous excellez aussi dans l’art.

Effectivement. J’ai eu à créer une galerie d’art à Yaoundé en 1988. Nous faisions beaucoup de foires et expositions de part le monde. J’exposais des articles en bois, en Osier, en rotin, des meubles et beaucoup de textiles fait à la main. Et comme je suis contre le gaspillage, je fais de la récupération de chutes de tissus que je reconstitue en nouveau tissu. C’est la technique du patchwork qui est artistique et non désordonné. On associe les chutes de tissu en famille de couleurs qui donne des mouvements très colorés de textiles uniques. On ne peut pas faire un assemblage identique d’un tissu à un autre. Avec ses chutes de tissu, nous fabriquons des jetés de canapé, des couvre-lits, des dessus de table, des rideaux… Ce sont des pièces uniques que l’on vend lors des expositions ventes. C’est une technique que j’aimerai bien transmettre aux jeunes générations parce qu’il faut le dire, tout le monde passe. Il faut que les choses puisent rester et se pérenniser.

Comment réussissez-vous à vous en sortir avec vos multiples casquettes ?

C’est une question d’organisation. J’avoue que ce n’est pas facile parce que, quand il manque un membre d’une équipe, il y a toujours un retard. Si j’avais une équipe complète côté patchwork par exemple, on produirait en masse. Les jeunes n’étant pas très motivé pour apprendre cela, ça fait qu’on est un peu déséquilibré sur ce plan ; mais, tout est une question d’organisation. Avec de bonnes personnes, on arrive à déléguer et on s’en sort.

Vous êtes aussi membre de la famille royale Bamoun. Parlons-en.

Je suis effectivement de la famille royale Bamoun qui est très grande. Dans notre famille, la particularité est que chacun de nous doit apprendre un métier. Le feu Roi Seydou était un tailleur, mon autre grand-père, le prince Roi NJi Kouotou était un tisserin. C’est lui qui est à l’origine du tissu royal qu’on appelle « Tiéya » (ou le « Dop » chez d’autres peuples de l’Ouest). D’aucuns ont appris divers métiers, d’autres la langue. C’est vrai que nous l’apprenons tous (la langue bamoun) quand nous sommes petits mais comme on manque de pratique, on oublie. Cette langue a été inventée par le Roi Njoya et qui est enseignée aujourd’hui à l’Université, je crois Lazare, du Caire en Egypte. C’est dommage qu’elle ne soit pas encore enseignée au Cameroun.

Entretien mené par :

Frank William BATCHOU

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