Les messages véhiculés et la qualité des vidéogrammes qui frisent la pornographie, contribuent à détériorer davantage notre musique au quotidien.
La musique camerounaise est malade. Cette maladie prend des proportions inquiétantes. L’artiste est un messager qui devrait apporter sa contribution à l’édification de la nation. Mais chez nous, il excelle dans la production des œuvres dans lesquelles se côtoient déviances verbales et obscénité chorégraphique. Ces œuvres inondent et crèvent nos écrans téléviseurs à longueur de journées. Avant et après le journal, il n’y a que ça ! Durant les interludes ou entre deux programmes, c’est encore et toujours ça ! Des danses et chansons, tout aussi lubriques les unes que les autres. Tout se passe comme si les chorégraphes camerounais, voire africains, ne pensent qu’à ça ! J’ai scruté avec peine toute cette semaine les vidéo-clips des rythmes musicaux tels que l’Oriengo, le Ndombolo, le Tchoukoussa, le Mapouka, le Bobaraba, le Bikutsi, le Rap, le Rn’b, le Ben-skin, entre autres, et je n’ai vu que ça.
Vous vous demandez sans doute que « ça » c’est quoi ? Eh bien ! « Ça » c’est les spectacles impensables et inimaginables pour un africain, que ces vidéo-clips nous servent. Ici, l’accent est toujours mis sur les mouvements de hanches et du postérieur. A cela, s’ajoute des vêtements laissant impudiquement transparaître les courbes gracieuses et généreuses du corps, et parfois des parties dites intimes des danseuses. Lesquelles ont un âge moyen oscillant entre 18 et 29 ans. Je vous assure et croyez-moi, la chute de leur hanche peut abjurer un prélat. C’est à peine si l’on ne se croirait pas dans une partie de strip-tease avec en prime, des gestes proches à des invites sexuelles. Hier, on se plaignait des formules : « la queue de ma chatte » de K-Tino, « le ventre et le bas ventre » de Lady Ponce. Aujourd’hui, on est obligé de subir, malgré les répressions, les « ça là prend cadeau », « ça là prend pour toi », « l’homme est l’homme quand ça se lève », « l’homme est l’homme quand c’est dure » ! Désormais, les noms parlent d’eux même : Chatty la chatte, le démarreur. Excusez du peu. Dans le milieu artistique, l’on parle du côté sexy des danseuses africaines, la liberté d’expression et de créativité comme justificatif.
Il est vrai que le Cameroun s’est arrimé à la mondialisation. Mais, nos artistes ne doivent pas oublier que nous sommes africains. Qui dit africains parle de la probité morale d’un être avançant des propos et des gestes ne pouvant pas blesser la pudeur d’autrui. Les diffuseurs « radio et TV » doivent aussi s’assurer de la qualité des vidéos et audio avant toute diffusion. Sinon, imaginons les effets graves sur l’éducation de nos enfants et sur notre identité culturelle. De plus, ces danses et chansons peuvent aussi remettre en cause les vertus fondamentales de notre société. En attendant que chacun de nous prennent conscience, il est judicieux que les responsables en charge de la culture freinent cette gangrène qui avance à une vitesse faramineuse. Ainsi, nous pourrions retrouver ces belles mélodies et chorégraphies des années 80 et 90.
Frank William BATCHOU