A cause de multiples inondations enregistrées ces derniers jours à cause du retour des pluies, la communication entre les latrines et les puits est devenue plus facile.
« Nouvelle Zélande » ce 30 juin 2012. N’allez pas croire que nous sommes dans l’Océanie. C’est une zone marécageuse du quartier Bonabéri. Sur le bord du fleuve qui coule ici, se dresse majestueusement une baraque construite en tôle. Elle croupit peu à peu sous le poids de l’âge. Ce sont des latrines d’une famille. Sa fosse sceptique donne directement accès à l’eau qui coule en dessous. Elle attire très souvent le regard des passants. « C’est là dedans que cette famille se soulage au quotidien et depuis quelques années déjà », confie un habitant de la zone. Comme ici, plusieurs maisons sont construites à la lisière dudit fleuve. Elles aussi, grâce aux tuyaux et autres moyens archaïques, y déversent le contenu de leurs latrines. « Toutes ces maisons construites le long de ce fleuve déversent les contenus de leurs WC dans cette eau. Il n’est pas question ici de solliciter un service de vidange parce qu’ici, ce service est automatique. C’est comme ça que tu voies parfois ces déchets flotter sur l’eau », raconte Martin, un habitué du coin. Avec la saison des pluies, les vidages sont faits de manière récurrente dans cette eau. Pourtant utilisée par plusieurs familles.
Avec le retour des pluies, on a enregistré des inondations dans plusieurs quartiers de la ville de Douala. Mabanda, Bépanda Missokè, Bonapriso chefferie… La montée des eaux a renvoyé plusieurs de ces déchets dans les domiciles. Ici, plusieurs ménages utilisent l’eau des puits qu’ils ont fait creuser dans leur concession. Lesquels sont creusés à moins d’une dizaine de mètre soit d’une rivière soit des WC. A cette distance, on peut s’imaginer la bonne communication qui existe entre les eaux du fleuve et celles des différents puits. « C’est la seule eau que nous avons ici. On a un véritable problème d’eau potable dans ce quartier. Nous l’utilisons pour tous les travaux domestiques : lessives, cuisines, vaisselles... », souligne veuve Monthé, une septuagénaire, habitante de Mabanda.
Ces habitants vont jusqu’à minimiser les risques de santé qu’elles courent : « L’eau est bouillie pendant la cuisson et les microbes sont tués. Les habits qu’on lave avec cette eau sont séchés au soleil. Il n’y a pas de risque de maladies ». A cette allure, on peut craindre un retour du choléra et des infections cutanées dans la capitale économique. Et les populations semblent ignorer tous ces risques. « On n’a pas le temps de toujours bouillir cette eau. On l’utilise pour nos travaux depuis des années sans problème. Ce n’est pas aujourd’hui que cela viendra nous causer des maladies. La seule chose qu’on évite, c’est de la boire », rapporte Parfait Bille rencontré à Bépanda Missokè. Le respect d’hygiène est important !
Frank William BATCHOU