Université de Douala : Quand manger est un parcours du combattant

Université de Douala

Quand manger est un parcours du combattant

Il faut passer des heures dans les rangs pour espérer accéder dans la salle à manger.

 

A l'entrée 

« Ventre affamé n’a point d’oreille mais un sacré goût ». A l’Université de Douala, cet adage est le mieux assimilé par la communauté estudiantine. Pour ce faire, il faut se mettre quelque chose sous la dent. Et le lieu indiqué pour s’approvisionner à moindre coût (100 Fcfa le plat) est le restaurant universitaire. Mais obtenir un plat (de riz sauce…) relève d’un véritable parcours du combattant. Il est 12 heures 30. Le soleil darde ses rayons sur la ville de Douala. Il fait une chaleur de plomb. Au campus principal de l’Université de Douala sis à l’Essec, des étudiants sont alignés à la queue-le-leu à l’entrée du restaurant universitaire. Le rang s’étend à plus d’une quinzaine de mètre. Ces étudiants dont le ventre de certains gronde comme du tonnerre, transpirent à grosse goutte de sueur. « Mon frère, c’est comme ça qu’on s’aligne tous les jours pour pouvoir manger quelque chose ici. Parce que le plat est moins cher et un peu consistant. La seule difficulté est que tu peux rester en rang presque une heure de temps voire plus avant d’accéder dans la salle. Puisque c’est l’unique restaurant pour plus de 35.000 étudiants », semblent se plaindre Paul K., étudiant en Histoire. Et de poursuivre : « Si on avait de l’argent, on irait plutôt manger ailleurs. Ce restaurant est destiné aux enfants de pauvres comme nous ».

Des étudiants en rang

Au niveau de la grille qui donne accès dans le hall du restaurant, un homme, la mine sévère, vérifie si le nombre de personnes en salle s’est décanté. De temps en temps, il laisse entrer les quatre ou cinq premières personnes présentes en tête de file. Pendant ce temps, ça bouscule derrière. Des éclats de voix se font entendre : « Tu viens d’arriver et tu veux passer avant les autres. Il faut aller d’aligner à la queue » ou « Ce n’est pas toi qui m’a demandé de venir me mettre en rang pour toi. Tu as trouvé les gens en rang, ce qui signifie que tu dois attendre derrière ». Selon Ghislain, même si les tensions sont vives, on finit toujours par trouver un compromis. Ces mésententes sont une habitude chez les clients fidèles de ce restaurant.

En dehors des disputes entre étudiants, il s’avère que le nombre de couverts faits par jours est largement inférieur à la demande. « Il y a une information qui circulait selon laquelle on prépare ici pour milles personnes uniquement. Je pense que ça peut être vrai parce qu’il y a des moments où tu es en rang et on vous annonce que la nourriture est finie », informe une étudiante avec assurance. Des tentatives auprès de certaines personnes exerçant dans ce restaurant pour avoir plus amples informations sur la quantité de nourriture mis à la disposition des étudiants par jour, sont restées infructueuses. Car, répondent-ils, seul le chef de la restauration peut nous éclairer. Mais, il faudra une autorisation du recteur pour qu’il vous adresse la parole. C’est aussi ça l’administration !

Frank William BATCHOU
à Douala