Université de Douala : Un dépistage "gratuit" à 2500 Fcfa

Société – Santé

Sida

Certains étudiants se sont vus débourser cette somme avant la phase de prise de sang.

Université de Douala : Un dépistage "gratuit" à 2500 Fcfa

 

« Journée mondiale de lutte contre le Sida 2009. L’Université de Douala à cette occasion organise une campagne de dépistage gratuit anonyme, gratuit et volontaire du Vih au Cms. Du 25/11 au 1^er/12/2009 ». Cette annonce est lisible sur une banderole affichée sur la barrière à l’entrée de l’Université de Douala, côté étudiants. Hier était 1^er décembre 2009, journée mondiale de lutte contre le Vih/Sida. Il est 11heures 30. A l’entrée principale du Centre médico-social (Cms) de cette institution universitaire, des étudiants remplissent des fiches anonymes pour leur dépistage. Dans les couloirs de ce service, l’ambiance est rythmée par des va et vient. Entre deux tables, ces derniers se bousculent, se font enregistrer avant de se rendre au laboratoire ou dans une des salles affrétées pour la prise de sang. L’opération achevée, il faut attendre plus d’une dizaine de minute pour déposer le tube contenant le tube de sang à examiner. Et pour cause, ils sont plus d’une centaine d’étudiants à attendre qu’on appelle le numéro porté sur le ticket remis à chaque étudiant après la prise de sang. Plus le temps passe, ces derniers conçoivent des éventails avec des feuilles de papier format pour se ventiler. Tant la chaleur est suffocante.

  
Des préservatifs masculin et féminin

Malgré cette folle envie de se faire dépister, la peur ne les quitte pas d’un pouce. « Ma copine, ça fait longtemps que je n’ai plus subi ce truc si. Tu sais que l’erreur est humaine. Tu peux faire l’autre comme ça, on vient te donner le résultat de quelqu’un d’autre. Qui peut être négatif en plus. J’ai moi peur », déclare craintive une étudiante à sa camarade. Cette dernière de lui répondre : « Si tu ne doute de rien, pourquoi avoir peur. Il semble qu’ici, on prend le soin de bien vérifier et mettre chaque tube, déjà numéroté, à l’écart des autres pour éviter la confusion ». Selon Marie Yvonne Gumne Baki du service de l’action sociale et par ailleurs coordonnatrice de cette campagne, tout se passe sans heurt jusqu’ici. Cette campagne va se poursuivre ce jour avec une conférence que va donner les membres du club santé de la faculté des médecines au campus 2 de cette université. Même si Marie Yvonne Gumne Baki n’a pas à sa disposition les statistiques des récentes campagnes de dépistage au sein de cette institution, elle affirme que le taux de prévalence du Vih/Sida est en nette régression ici. Pour amplifier maintenir ce rythme voire éradiquer cette pandémie au sein de l’Université de Douala, des préservatifs tant masculins que féminins sont distribués aux étudiants. Cependant, l’abstinence est l’arme de combat la plus conseillée.

Dépistage à 2500Fcfa

La recommandation a été pourtant donnée à l’avance. Le dépistage des étudiants est gratuit durant cette campagne. Mais, Eric N., étudiant à la faculté de droit a été contraint de débourser une somme de 2500Fcfa pour se faire dépister. « Je me suis renseigné à la pharmacie. On m’a demandé d’aller voir le régisseur et de lui. C’est à son bureau qu’on m’a exigé la somme de 2500Fcfa parce que j’ai dit que les résultats seront transmis à mon frère à l’étranger », révèle-t-il, en notre présence, à la secrétaire. Cette dernière, énervée, lui a fait le reproche selon lequel, il ne fallait pas faire cette déclaration : « C’est la raison pour laquelle on t’a exigé de l’argent. Il fallait d’abord venir  te renseigner ici ». Selon Eric N, son ami a été aussi victime de cette escroquerie avant de se faire dépister. C’est ça être un « bleu » à l’université.

Frank William BATCHOU

A Douala