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L'univers de Frank William Batchou

L'univers de Frank William Batchou

Nous vous présentons dans ce blog toute l'actualité sur le Cameroun. Et une ouverture sur le monde... Merci pour vos commentaires et surtout vos critiques constructives


Maximilienne NGO MBE : L’informaticienne défenseur des droits de l’homme en Afrique centrale

Publié par Frank William BATCHOU sur 14 Décembre 2010, 16:32pm

Catégories : #Société

Cette camerounaise milite depuis plus de vingt ans. Son courage, sa détermination et hargne de toujours défendre les autres lui ont propulsé à la tête de la direction exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale.

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Maximilienne Ngo Mbe est une femme dont le sourire quitte difficilement son visage. Derrière ce sourire, se cache un autre visage : celui d’un défenseur des droits de l’être humain, surtout celui de l’Afrique centrale. Un combat entrepris à cause de l’état salarial de son géniteur. « Mon père était enseignant d’une école catholique à l’époque. Il ne dormait pas avant deux heures du matin. Et un jour, j’ai vu son bulletin de paye dont le salaire était très minable. Pourtant, il ne cessait de nous dire : j’ai enseigné tel commissaire, tel avocat, tel médecin… J’étais en 1ere au Lycée d’Edéa. Je me suis alors exclamée : quelle injustice ! Comment mon papa peut avoir enseigné tous ses hauts gradés et il continue à croupir dans la misère ? Je me suis dit qu’il faut que ça finisse. C’est alors que j’ai commencé à m’opposer aux choses qui clochaient au Lycée. Voilà comment je deviens défenseur des droits de l’homme », se souvient Maximilienne Ngo Mbe, comme si c’était hier.

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Au cours de la même année, en 1989, la jeune lycéenne s’oppose à plusieurs décisions jugées anormales. Elle se retrouve aussi dans divers mouvements de revendication au sein de son établissement. Depuis cette période et ce jusqu’à nos jours, elle garde encore à l’esprit un temps fort : « C’est toujours au Lycée. On avait un proviseur qui s’appelle monsieur Baha. Durant la période à laquelle on était entrain de préparer les examens, il se déroulait aussi la campagne électoral d’une élection j’ignore si elle était présidentielle ou législative. C’est ainsi que le proviseur a choisi d’aller battre campagne sans laisser n’offusque la craie au professeur. C’est ainsi que nous avons fait une grève pour manifester notre mécontentement. Nous sommes arrivés à l’établissement le matin, on a levé le drapeau, on a chanté l’hymne national avant de bloquer le lycée », explique-t-elle. Et de poursuivre : « Pendant cette grève, il y a des personnes de mauvaise foi qui ont brûlé la maison du proviseur avec tout son contenu. Nous avons été poursuivis et il y a un de mes camarades, Bayayen qui a été arrêté et on lui a cassé deux dents. Pendant la traque battait son plein, j’avais fait un tour à Douala et à mon retour, il y avait un type du Cener qu’on avait envoyé venir m’arrêter. Il a fallu que je m’enfuie par une porte de cachette du lycée ».

La Princesse Massaï

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Depuis son entrée en matière en 1989, Maximilienne Ngo Mbe a gravi tous les échelons : membre du Produh, organisme locale de défense de droits de l’homme au Cameroun, pendant quatre ans, secrétaire général adjoint de la même structure en 1996, puis Secrétaire général en 2000. Par la suite, elle a été élue secrétaire général du Redhac, le Réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique centrale, chargé du plaidoyer de 2006 à avril 2010. Et depuis ce temps, elle est la directrice exécutive du Redhac dont le siège se trouve à Douala depuis avril 2010 ; après Kinshasa en RDC. Avec l’aide de ses membres, elle ne cesse de batailler pour enfin asseoir une véritable démocratie en Afrique centrale. Même si elle croit ferme que « le travail que nous avons fait jusqu’ici n’a pas été vain. Notre lutte qu’on appelait le radicalisme a évolué. Aujourd’hui, le rapport de force est de notre côté. Bien que la situation soit encore compliquée au Tchad, en RDC et en RCA, on croit que les gens peuvent s’expriment librement aujourd’hui. Cependant, on continue à lutter parce que la liberté ne se donne pas, elle s’arrache ». Au regard de cette détermination et la hargne du travail qu’elle manifeste depuis vingt et un ans, elle a été consacrée Princesse Massaï de l’Ethiopie au mois de juillet 2010 par Hassan Shire, un initié de cette tribu. « Cette initiation et ce sacre est le couronne du combat mené depuis plus de vingt ans », explique-t-elle, le sourire aux lèvres.

Du rêve à la réalité !

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La nouvelle directrice exécutive du Redhac peut être fière d’elle. Car, son rêve de voir tous les défenseurs d’Afrique parler d’une même voie s’est concrétisé : « Je me demandais toujours dans mon rêve comment est ce qu’on pourra faire pour avoir une voie commune pour défendre les africains en général et ceux de l’Afrique centrale en particulier. Aujourd’hui, je suis très fière parce que le Réseau panafricain des défenseurs des droits de l’homme est entrain d’être mis sur pied ». Ce réseau sera effectif dès février 2011 à Kampala en Ouganda avec pour directeur exécutif, l’éthiopien hassan Shire, actuel directeur exécutif du réseau de l’Est et la corne d’Afrique (Ehahrdp). Malgré cet engagement et des déplacements permanents hors du pays, Maximilienne Ngo Mbe, n’a pas abandonné son travail d’informaticienne dans une société de la place. Elle soutient n’avoir jamais postulé pour un quelconque prix concernant son travail mené. Car, « un prix doit être mérité. On doit vous le donner sans que vous ne postuliez. En somme, ça ne me dit rien », conclut-elle.

 Frank William BATCHOU

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